Cas d’une aponévrectomie à ciel ouvert, traitement de la maladie de Dupuytren
La maladie de Dupuytren se caractérise par la formation sous la peau de la main d’un tissu fibreux (également appelé fibromatose), entraînant une contraction graduelle d’un ou plusieurs doigts vers la paume. Les origines de cette affection sont diverses et nombreuses, incluant notamment des prédispositions familiales. Cependant, malgré sa première description par le Baron Guillaume Dupuytren en 1832, l’origine précise de cette maladie demeure inconnue.
- L‘intervention d’aponévrectomie (ablation de l’aponévrose fibreuse pathologique) est recommandée lorsque la rétraction des doigts empêche de poser la main à plat. Une alternative à cette intervention est l’aponévrotomie simple (section de la bride fibreuse), qui peut offrir une efficacité temporaire mais laisse la fibrose en place après avoir simplement sectionné la bride.
- Aucun examen complémentaire préopératoire essentiel n’est nécessaire pour confirmer le diagnostic de la maladie de Dupuytren. En règle générale, une IRM ou une échographie ne sont pas requises avant l’intervention.
Déroulement de l’intervention
- L’anesthésie généralement utilisée est de type locorégional, et la chirurgie est couramment réalisée en régime ambulatoire.
- L’opération implique une ou plusieurs incisions discontinues ou sinueuses pour réaliser l’exérèse la plus complète possible du tissu fibreux qui caractérise la maladie de Dupuytren.
Parfois, une autre incision transversale dans la paume est ajoutée, et elle est laissée ouverte à la fin de l’intervention (technique dite « Mac Cash ») pour relâcher la cicatrice lors de la fermeture cutanée. Quoi qu’il en soit, votre chirurgien vous expliquera la technique requise avant l’intervention, dont la durée varie en fonction de l’ampleur de la rétraction et du nombre de doigts à traiter.
La dissection est effectuée progressivement en protégeant les vaisseaux, les nerfs et les tendons de la main, et dans les cas de récidive, une greffe de peau peut être envisagée.
- Les risques pendant l’intervention sont principalement liés à des lésions potentielles des vaisseaux sanguins ou des nerfs de la main, qui sont en contact étroit avec le tissu fibreux à retirer. Cela peut entraîner une altération de la sensibilité voire une perte de sensibilité après l’intervention.
- Les complications survenant après l’opération sont généralement rares et incluent rarement des infections. Dans des cas exceptionnels, il peut se produire une ischémie ou même une nécrose du doigt, en particulier dans les formes très sévèrement rétractées qui pourraient nécessiter une amputation. Cependant, les problèmes cutanés sont plus courants, allant du simple retard de cicatrisation dû à l’humidité jusqu’à la nécrose de la peau autour de la cicatrice. Un hématome peut également se former, soulignant ainsi l’importance de surveiller les pansements. La cicatrice résultant de l’opération tend à rester fibreuse, mais elle s’améliorera progressivement avec le temps et la rééducation visant à assouplir la main. Dans certains cas, la main peut enfler, devenir chaude et douloureuse, avec un risque d’enraidissement des doigts, ce qui est une complication appelée algodystrophie. Cette complication, dont l’origine exacte est mal connue, peut survenir de manière aléatoire. La complication la plus fréquente à long terme reste la récidive de la rétraction de Dupuytren, qui peut survenir plusieurs années après l’opération, notamment jusqu’à dix ans après.
- Après la chirurgie, les pansements sont à faire régulièrement jusqu’à cicatrisation cutanée surtout en cas de paume laissée ouverte. La rééducation, non systématique mais fréquemment proposée, est en principe débutée précocement après l’intervention. Une attelle dynamique d’extension peut être prescrite, qu’il faudra porter de façon discontinue pendant un à deux mois post-opératoires selon les consignes du chirurgien.
- Lorsque la rétraction est très importante avant l’opération, il est fréquent de ne pas récupérer totalement l’extension du ou des doigts.
Votre intervention en pratique :
- Avant l’opération pour traiter la maladie de Dupuytren, une préparation minutieuse est nécessaire, en particulier pour les formes rétractées. Cela implique de nettoyer soigneusement les plis et les zones sujettes à la macération afin de maintenir la peau sèche et propre. Il est impératif de réduire considérablement, voire d’arrêter complètement la consommation de tabac (y compris la cigarette électronique) avant l’intervention, de préférence six semaines avant. Le tabagisme augmente en effet les risques de complications post-opératoires. Si vous êtes diabétique, il est également important de surveiller votre taux de glycémie.
- L’opération est généralement réalisée en ambulatoire, ce qui signifie que vous pourrez rentrer chez vous quelques heures après la chirurgie. Cependant, il est nécessaire d’avoir quelqu’un pour vous raccompagner. Après l’opération, un premier pansement sera contrôlé dans les 24 à 72 heures suivant la chirurgie. Il est essentiel de prévoir à l’avance les soins nécessaires pour changer les pansements, en choisissant des soins proches de votre domicile.
- Dans les jours qui suivent l’opération, il est recommandé de porter une écharpe pour éviter de placer la main vers le bas. Cela contribue à prévenir l’œdème et le gonflement de la main, qui sont des facteurs pouvant entraîner un enraidissement de la main.