1 – Pourquoi faut-il mettre une prothèse en place?
- La rhizarthrose est l’arthrose de la racine du pouce qui détruit l’articulation trapézo- métacarpienne (et parfois aussi l’articulation sus-jacente appelée scapho-trapézo- trapézoïdienne).
Cette jonction à la base du pouce constitue l’articulation clé qui permet d’orienter le pouce en direction des autres doigts, facilitant ainsi la réalisation du geste de pincement et assurant la capacité de saisie.
- La rhizarthrose engendre des sensations douloureuses, une diminution de la puissance et, finalement, une déformation (généralement permanente) de la structure du pouce. Bien que légèrement gênante au début, elle devient progressivement plus limitante et évolue de manière constante vers une détérioration au fil des années, entraînant une raideur croissante et une déformation du pouce : l’écartement entre le pouce et l’index se réduit et la capacité de préhension devient compliquée.
- Dans les premiers stades de la maladie, il y a d’autres options que la chirurgie pour les formes modérément développées : orthèses rigides à porter pendant la nuit ou orthèses semi-flexibles à porter pendant la journée, injections de corticoïdes ou d’acide hyaluronique. Ces méthodes offrent un soulagement temporaire de la douleur, mais elles ne font que retarder la nécessité de la chirurgie, car l’arthrose continue de progresser.
- Si ces approches médicales ne réussissent pas ou en présence d’une déformation notable du pouce, la chirurgie devient incontournable.
- Les examens complémentaires : une simple radiographie est le plus souvent suffisante. Dans certains cas un scanner peut être utile.
2 – Le processus de l’ intervention
- L’anesthésie : La plupart du temps, on propose une anesthésie locale pour la main et l’avant-bras.
- Le procédé technique : Une incision d’environ 3 cm est effectuée à la base du pouce. La déformation arthrosique de l’articulation est retirée, suivie de l’implantation d’une prothèse modulaire composée de 3 éléments (impactés, vissés ou cimentés). Cette prothèse comprend une cupule dans l’os du trapèze, une tige dans le premier métacarpien et un élément intermédiaire appelé « tête-col », dont la taille variable permet d’ajuster la tension des ligaments et des tendons environnants.
- Les circonstances pouvant perturber le bon déroulement de l’opération : En cas de situations imprévues et inattendues, comme la découverte en début d’intervention d’instruments non stériles, d’implants chirurgicaux partiellement disponibles, votre chirurgien peut décider d’interrompre la procédure et de ne pas poursuivre l’intervention, même après l’anesthésie.
Les incidents pendant l’opération : Il est possible qu’une blessure survienne sur un nerf sensitif (nerf radial) ou une artère (artère radiale), mais cela ne conduit généralement pas à des problèmes graves. Une fracture du premier métacarpien et particulièrement du trapèze peut se produire lors de l’insertion des implants, en particulier si l’os est fragilisé par l’ostéoporose. Cette complication, qui ne peut être prédite, pourrait nécessiter que le chirurgien modifie sa méthode opératoire, car il peut ne pas être toujours envisageable d’utiliser la prothèse initialement prévue.
3 – Les suites et résultats à espérer :
- Les périodes de récupération habituelles : Après une période d’immobilisation du poignet et du pouce d’une durée de deux à quatre semaines, la main peut retrouver son utilisation normale pour les gestes du quotidien.
Cette opération s’avère efficace : elle élimine les douleurs et rétablit la capacité de pincer du pouce sans inconfort. La durée de vie prévue pour ces prothèses est d’environ 15 ans.
L’usure de la prothèse ainsi que son éventuel décollement sont plus susceptibles de se produire tôt si le pouce subit des contraintes mécaniques intenses.
- Les complications à plus long terme de l’intervention:
- Les risques de développement d’algodystrophie (augmentation de volume de la main, augmentation de la température, douleur et limitation de la mobilité des doigts) et d’infection font partie des risques inhérents à toute procédure chirurgicale.
- Une altération des nerfs avec une cicatrice hypersensible et parfois une perte temporaire de la sensation sur la face dorsale du pouce et de l’index peuvent se produire.
- Une tendinite secondaire (type de Quervain) peut survenir.
- Une luxation ou un désalignement de la prothèse peut se manifester, surtout dans les premiers mois, pouvant parfois nécessiter une nouvelle intervention chirurgicale.
- Une raideur de la prothèse due à la formation d’ossifications est rare.
- Une correction incomplète de la déformation du pouce peut être observée en cas de rhizarthrose ancienne.
- Un enfoncement des implants est possible lorsque l’os est particulièrement fragile, comme dans le cas de l’ostéoporose.
- Une manifestation d’allergie au métal de la prothèse peut se produire exceptionnellement, provoquant des douleurs et une cicatrice rougeâtre : il est important de signaler toute réaction antérieure aux bijoux fantaisie, ce qui pourrait nécessiter l’utilisation de prothèses sans nickel.
4 – Votre intervention en pratique :
- Préparation à l’intervention : aucune préparation spécifique requise.
- L’hospitalisation : L’intervention est effectuée en ambulatoire ou peut nécessiter une hospitalisation d’une journée.
- Le retour à domicile :Une attelle est utilisée pour immobiliser le poignet et le pouce pendant trois semaines. Ensuite, la main opérée peut être réemployée pour des activités telles que manger, écrire et conduire. Cependant, il est recommandé d’attendre la fin du deuxième mois pour reprendre les activités nécessitant de la force.
- À éviter : Évitez de reprendre des activités impliquant des vibrations avant deux mois.